Rosie | Cinq

Cinq ans, mi-mai,  la lumière douce du matin me réveille, ton papa est encore endormi, je me lève sur la pointe des pieds et m'allonge dans le salon, le chat ronronne et étire ses longues pattes noires et blanches. Je compte, les minutes, les secondes, je compte, les yeux fermés, les mains posées sur mon ventre de 31 ans, mon ventre rond, je compte, et parfois je m'arrête de respirer tellement je sens que tu es là, tout près de mon coeur, de ma peau , de mes bras...
Je me souviens encore de toi, petite beauté arrivée toute seule, pressée et déjà impatiente. Je me souviens comme c'était évident de t'avoir là, posée sur mon sein, je me souviens de la douceur de ta peau et des reflets métalliques dans tes yeux de petit bébé rose.
Cinq ans, tu as les cheveux blonds et longs, des bleus sur tes jambes si fines, des tatouages de petit filou à l'avant-bras , des baskets avec des robes qui brillent, des collant qui brillent, des yeux qui brillent, tu as toujours trop chaud, ou froid mais tu t'en fiches, tu as trois grains de beauté et tous les jours tu les comptes, tu marches en sautillant, tu ne sais pas marcher, tu cours, pieds nus dès que tu le peux, en regardant partout sauf devant toi, tu tombes, parfois, tu pleures, et une petite larme roule sur ta joue rose, Rosie, tu tombes et tu cours vers moi, tu enfouis ta tête au creux de mon ventre, tu me serres fort, mon coeur se serre et j'enroule mes bras autour de ton corps, je caresse tes cheveux et j'y dépose un baiser, ce baiser qui va directement se poser sur ton coeur, ce baiser de maman qui efface tout, celui qui t'aide à repartir, encore plus vite, encore plus légère et sautillante.
Tu as cinq ans et tu sais compter très loin, tu dessines comme tu respires, tu chantes de ta petite voix aigüe que j'aime, tu danses, je t'aime,  tu danses, tu danses ta vie...